Avec ses 9163 ha, la Forêt de Mormal est le plus grand massif forestier du département du Nord et de la région Nord-Pas-de-Calais. C'est le seul abritant une population de cerfs (ayant pour origine, comme les sangliers et chevreuils une réintroduction, car les grands mammifères y avaient totalement disparu, des suites d'une chasse intensive après la révolution française).
C'est une forêt publique et « domaniale » et donc gérée par l’ONF sous le contrôle du ministère de l'agriculture. Elle est principalement constituée de futaies de chênes pédonculés (80-90 ans), hêtres, charmes, frênes.
Les arbres y sont tous relativement jeune, car la forêt a été presque entièrement coupée lors de la Première Guerre mondiale et à nouveau surexploitée lors de la seconde guerre.
Ce massif est pour le Nord de la France un élément essentiel du Réseau Natura 2000, du réseau écologique paneuropéen et de la Trame verte régionale.
Localisation
Situé à 10 km au sud-Ouest de
Maubeuge, et au nord et à l’ouest de la vallée de la
Sambre, ce massif est inclus dans l'arrondissement d'
Avesnes-sur-Helpe, dans le canton du Quesnoy-Ouest, sur la commune de
Locquignol, faisant de ce village la commune ayant la plus grande superficie du
département du Nord.
Climat
- Climat océanique, mais durci (plus sec, plus chaud en été et plus froid en hiver) par une influence pré-continentale.
- Température moyenne annuelle : 9,0°C (5,0°C au minimum à 13,1°C comme température moyenne maximale)
- Pluviométrie : 860 mm d'eau par an, avec variations interannuelles significatives.
Caractéristiques biogéographiques
Les cartes anciennes, dont la
Carte de Cassini montrent que cette forêt qui était encore presque d'un seul tenant à l'époque de la révolution française. Elle est aujourd'hui
« divisée » en 101 morceaux et parcelles par des routes et infrastructures de
Débardage, offrant un bon exemple de fragmentation éco-paysagère.
A cause du recul du bocage et de l'intensification de l'agriculture, plus que de l'urbanisation, elle connaît aussi un phénomène d'insularisation écologique.
Son flanc ouest (Lisière) parfaitement rectiligne correspond à une ancienne Voie romaine (aussi dite Chaussée Brunehaut).
Sa situation biogéographique et la qualité de son sol en fait une zone potentiellement écologiquement particulièrement riche et très productive, mais elle a été victimes de séquelles de guerre et surexploitée à plusieurs reprises (notamment lors des deux guerres mondiales).
Écologie
Ce massif boisé est considéré comme un élément important du
Réseau écologique régional et paneuropéen, car élément relictuel de la vaste
Forêt Charbonnière décrite par les chroniqueurs du
Haut moyen-âge, elle-même relique de la forêt préhistorique qui s'est reconstituée après la fin de la dernière
Glaciation il y a environ 10 000 ans.
La Biodiversité est cependant anormalement basse dans ce massif. Ceci s'explique par les séquelles des guerres, et notamment par le fait que le gros bois-mort y est quasi-absent. Les bois morts de taille moyenne y sont aussi très rares, au détriment des insectes saproxylophages et de leurs prédateurs (reptiles, amphibiens, chauve-souris et autres mammifères insectivores).
Selon le réseau d’étude national RENECOFOR, c’est la forêt qui en France reçoit le plus de retombées atmosphérique de fer (on peut penser que ce fer est un bon traceur pour d’autres polluants venus de la proche vallée de la Sambre ou du Valenciennois industriel).
La forêt abrite un Arboretum et un point de mesure et suivi du réseau national RENECOFOR.
Histoire
Le massif, comme les autres boisements de la région semble avoir été assez intensément exploité depuis le
haut moyen-âge et a subi les impacts de nombreuses guerres et invasions qui se sont succédé dans cette région depuis 2000 ans à partir de la
conquête des Gaules par
César.
La Biodiversité du massif s'est encore considérablement affaiblie depuis les années 1900.
Quelques incendies (de faible importance) ont été déclenchés par des escarbilles de charbon à l'époque des trains à vapeur, le long de la voie ferrée qui traverse la forêt, mais ce sont surtout les conséquences de deux guerres mondiales qui sont en cause, à la fois pour les séquelles laissées par les combats et les constructions militaires, mais aussi parce qu’à ces deux reprises l’occupant allemand a exploité et surexploité le bois, suivi localement des français eux-mêmes pour les urgents besoins de la Reconstruction.
- Entre 1914 et 1919 : Les 2/3 de la forêt ont été détruits lors de la Première Guerre mondiale.
De 1920 à 1930, dans le cadre des
dommages de guerre, la forêt a été reconstituée, essentiellement par nettoyage et plantation de
chênes pédonculés, mais il ne s’agit pas vraiment d’une
Forêt de guerre telles que celles plantées sur d’anciens champs ou villages de la zone rouge (ex : forêts de
Verdun ou de
Vimy).
- En mai 1940 : lors de la Seconde Guerre mondiale, les armées allemandes réutilisent la forêt de Mormal pour son bois, mais surtout comme zone de défense du secteur de la Sambre.
Le Parc naturel régional de l'Avesnois créé en 1998 peut contribuer à la protection ou gestion plus durable de la forêt. Il accompagne un « contrat de forêt » soutenu par le Conseil général du Nord et l'ONF, avec le Conseil Régional et de nombreuses collectivités locales, avec pour objectif une gestion répondant aux besoins de production de bois, de la chasse et aux demandes des citoyens.
Dans ce cadre, un site d'accueil, des sentiers, une gestion différenciée des bords de routes forestières et la rénovation de l'Arboretum de létang David sont prévus.
Fonction sociale
Ce massif est un lieu important de fréquentation dans une région parmi les plus pauvres en forêts en France, mais son éloignement de Lille fait que la fréquentation y est moins élevée qu'en Forêt de Saint-Amand où l'on peut localement parler de
Surfréquentation.
Gestion :
En
1997, un groupe de travail présidé par la Communauté de communes du Pays de Mormal et Maroilles et animé avec le
PNR avait étudié plusieurs propositions concernant aménagement et les objectifs de gestion, dont :
- la mise en place d’un centre consacré à la formation à la gestion écologique et différenciée de l’espace.
- la possibilité, comme cela se fait de plus en plus dans d’autres régions et pays, de réintroduire de grands herbivores (La Direction Environnement du Conseil Régional avait évoqué le Bison d’Europe et une gestion certifiée FSC et le Bureau d'étude (« Osmose »), chargé de l'animation avait en complément proposé l’élan, ces deux animaux pouvant contribuer à la gestion conservatoire des zones humides et de lisières ou de clairières et intéresser le public du parc naturel régional.
- la prise en compte préalable et systématique des notions de Trame verte et de continuum biologique fonctionnels.
- la gestion différenciée des bords de routes.
- Une politique de gestion différenciée des bermes routières visant à retrouver une diversité plus élevée est en cours (dans les années 1960, les lisières étaient au printemps entièrement bleues tant elles étaient couvertes de Myosotis a rappelé à cette occasion le Pr. Géhu du Centre régional de phytosociologie).
Un écoduc (battrachoduc précisément) a été posé dans les années 1990 dans ce massif.
Voir aussi
- Communauté de communes du Pays de Mormal et Maroilles
- Séquelles de guerre, Munition non explosée, Pollution induite par les munitions
Bibliographie
- J.J. Dubois, Influences humaines sur l'évolution des paysages et des limites de la forêt de Mormal, in Hommes et Terres du Nord, 1973-2 p. 73-106
Liens externes
Notes et références
catégorie : Forêt du Nord